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« Aucun métier ne devrait être interdit aux femmes ! »

Interview de Bernard Zongo, fondateur de l'association ATTous-Yennenga

Publié le 30 avril 2020 Mis à jour le 24 mars 2022

En 2018, Adissa, Bintou, Catherine et les autres Ouaga Girls devenaient les héroïnes d’un documentaire de Theresa Traore Dahlberg sur ces jeunes filles bien décidées à devenir mécaniciennes. Et si, au « pays des hommes intègres », les femmes étaient effectivement en train de gagner leur liberté socioéconomique par la formation ? Depuis 1997 le Centre féminin d’initiation et d’apprentissage aux métiers (CFIAM) du Burkina Faso propose aux jeunes femmes de se former à la mécanique, à l’électricité ou à la menuiserie. Bernard Zongo, fondateur de l’association ATTous-Yennenga à l’origine du CFIAM nous explique ce programme et ses effets dans la société.

© Momento Film - Ouaga Girls/2018

© Momento Film - Ouaga Girls/2018

En 2019, quelle est la place de la femme dans la société burkinabé ?

Au plan législatif la place de la femme dans la société a beaucoup évolué mais cela ne se traduit pas de façon conséquente par des faits. On constate que de plus en plus la femme burkinabé s’efforce de prendre la place qui lui revient mais cela progresse très lentement.

Depuis plus de 20 ans que vous formez des femmes, notamment aux métiers de l’agriculture, l’électronique, la carrosserie, l’électricité, la soudure… avez-vous observé une évolution des mentalités ?

Oui il y a eu une évolution en ce sens qu’en 2017 nous avons eu du mal à recruter une dizaine de filles pour les former dans les métiers non traditionnels ; actuellement nous formons toute sections confondues plus de 400 filles et jeunes femmes dans nos différents centres. Les mentalités ont changé et les populations commencent à faire le lien entre formation professionnelle et autonomisation économique de la femme.

Est-ce que le fait de former des jeunes femmes à des métiers a permis d’instaurer plus d’égalité professionnelle ?

Dans ce contexte de chômage virulent des jeunes, surtout celui des jeunes filles, l’apprentissage d’un métier par les filles apparaît comme le gage d’un emploi gratifiant, source de réduction des inégalités basées sur le genre, facteur de progrès social, de cohésion, de justice sociale. Ainsi, en travaillant pour une diversification des choix de carrière des femmes dans un contexte de mutations socioéconomiques et technologiques, ATTous-Yennenga contribue à lever un des handicaps les plus sérieux à l’épanouissement des femmes dans le travail dans la mesure où l’éventail de leur choix de métiers est beaucoup plus réduit que celui des hommes. Plus les femmes formées seront économiquement indépendantes et plus les inégalités basées sur le genre reculeront.

Le taux d’insertion professionnelle pour les femmes burkinabé est-il plus important depuis que vous avez créé le CFIAM ?

Les centres CFIAM forment environ 300 filles et la ferme école forme chaque année environ 100 femmes. Nous enregistrons un taux d’insertion moyen de 78 %. Cela montre que le nombre de filles/jeunes femmes qui trouvent de l’emploi au Burkina Faso augmente avec la contribution des centres de formation de notre association.

Les centres CFIAM sont des structures de formation professionnelle créées par l’association Tout pour Tous Yennenga. Depuis 1994, cette association lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes en difficultés, en favorisant leur insertion socio- professionnelle. Devenue ONG en 2004, elles est présente dans six régions du Burkina Faso.

Propos recueillis par Sophie Grallet


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