La psychologie de l’orientation

Psychologie de l'orientation

Les premiers travaux sur la recherche d’une adéquation individu/emploi remontent au début du 20e siècle. Depuis lors, de nombreux concepts concernant l’orientation de soi pour une vie professionnelle épanouie ont pu voir le jour sous la plume et l’esprit de nombreux experts. Entre sens de la vie et sens du travail, subjectivité des personnes et pratiques d’accompagnement tout au long de la vie, c’est un ensemble de méthodologies qui s’est développé. L’ouvrage de Philippe Chartier présente de manière synthétique un panorama général de la discipline (théories, concepts, auteurs, etc.), illustré par des exemples de pratiques professionnelles.

INTERVIEW PHILIPPE CHARTIER

MAÎTRE DE CONFÉRENCES AU CNAM EN PSYCHOLOGIE DIFFÉRENTIELLE

 
• Vous publiez La psychologie de l'orientation, aux éditions In Press. Comment a germé l'idée de cet ouvrage, et de quelle manière le résumeriez-vous ? Quelles en sont les idées-forces ?

Cette collection FICHES DE PSYCHO propose des ouvrages de format poche, organisés en fiches thématiques, sur les grands domaines de la psychologie. J'avais déjà publié un ouvrage dans cette collection sur les outils d'évaluation tests et questionnaires, et je souhaitais compléter la collection sur un domaine relativement peu connu : la psychologie de l'orientation.

Il s'agit de présenter de manière synthétique les principaux courants théoriques dans ce domaine, et de les illustrer par des exemples de pratiques professionnelles concrètes : entretien de conseil, tests psychologiques, récit de vie, etc. Cet ouvrage est conçu comme une première approche pour les professionnels du secteur ou futurs professionnels, qui peut être complétée par des lectures d'ouvrages plus spécialisés. Il est également utile pour les étudiants comme fiches de révision des principaux concepts et approches historiques.

• La psychologie de l'orientation, autrefois incarnée par les conseillers d'orientation, dispose d'approches théoriques multiples : quelles sont-elles et comment les différencier ?

Effectivement, la psychologie de l'orientation, centrée historiquement sur les publics scolaires, s'est élargie progressivement au cours du 20e siècle. On parle d’ailleurs maintenant d'orientation tout au long de la vie.

Les praticiens de ce domaine ne sont pas tous psychologues mais, pour la plupart, ils complètent leur formation initiale par des modules spécifiques, voire des diplômes, avec des approches théoriques diverses. De l'approche classique dite psychométrique – à partir de tests et de questionnaires d'intérêts – aux approches plus récentes centrées sur les récits de vie et la construction individuelle de son parcours, sans oublier les approches développementales, il existe un ensemble varié de références et de positionnement professionnel.

Dans mon ouvrage, j'ai distingué trois catégories :

1. les approches objectives et scientifiques, destinées à guider la personne dans ses choix ;
2. les approches éducatives, visant à développer des connaissances et des compétences (et tout particulièrement la compétence à s'orienter) ;
3. les approches plus récentes accordant une place plus importante à la subjectivité des personnes.

• Après les approches théoriques, parlons un peu des approches pratiques. Comment fait-on concrètement pour orienter quelqu'un, et surtout bien l'orienter ?

On commence déjà par adopter une autre posture : on n'oriente pas une personne mais on l'accompagne dans sa réflexion en lui proposant différents outils, contextes, situations afin de construire ensemble, avec elle et non pour elle, son ou ses projets professionnels.

Par exemple, une pratique fréquente en psychologie de l'orientation consiste à articuler une approche scientifique rigoureuse (la psychométrie : utilisation de tests et de questionnaires d'intérêts ou de personnalité) avec une approche plus qualitative centrée sur l'analyse subjective de l'expérience et du parcours de vie.

On peut également utiliser des techniques de groupe, de type ateliers d'orientation, utilisant des supports variés de réflexion sur soi et des moments d'échanges et de confrontation aux autres.

• Le Cnam offre un certain nombre de formations liées à la psychologie de l'orientation et du travail : de quoi satisfaire tous les profils ?

Effectivement, au sein de l’équipe pédagogique nationale Travail, le Cnam propose des formations universitaires dans le domaine de l'orientation : le master Psychologie de l'orientation et du conseil et le master Conseil, orientation, bilan, insertion.

Il existe également des modules en psychologie de l'orientation dans le master Travail, santé et parcours professionnels et dans la filière Psychologie du travail. Des formations plus courtes sont également proposées, le plus souvent via Cnam entreprises.

• Enfin, on entend souvent que le même métier pour la vie, la même entreprise pour la vie, c'est terminé ! Est-ce ce que vous constatez vous-même sur le terrain à travers vos propres activités ?

Il existe de plus en plus de dispositifs institutionnels permettant aux salariés de réfléchir, voire de mettre en place des transitions professionnelles, comme par exemple le bilan de compétences, la validation des acquis de l’expérience (VAE), le conseil en évolution professionnelle (CEP). Des accidents de la vie (maladie, handicap) peuvent également être sources de transition. Ainsi, de nombreuses personnes peuvent (ou doivent) envisager des changements d'activité professionnelle.

Pour autant est-ce la majorité des cas ? Je n'en suis pas si sûr… Je pense que l'activité professionnelle en lien avec la formation initiale, et la progression de carrière qui s’ensuit, reste encore la règle. Néanmoins, chaque personne devrait avoir, tout au long de sa carrière, des moments de réflexion et de pause afin de trouver (ou de retrouver) un sens à sa vie et à son travail.